Nous attendons un véhicule pour le Medical Center Cornell, qui peut me comprendre, je suis dans un pays étrangers, sans pièces d'identité, sans passeport, et surtout sans carte bleue, le World Trade a tout avalé, me reste ma valise à la consigne, avec heureusement un peu de linge propre.
Arrivé à l'Hopital, je rencontre quelques français, assis dans les escaliers, la vision est cauchemardesque, des blessés partout, de tous pays, je rencontre un français de mon département, et il me dit je suis hiv, çà fait plein de difficultés, je préfère me barrer, comme je suis dans le même cas (même pire) je prends peur à mon tour, et je me tire avec lui....mais ou aller, dans ce grand New York, ou l'argent est Roi, toutes les liaisons sont coupées, devant l'ambassade de France, la queue fait au moins deux cent mètres, et çà n'avance pas, chaque cas est différent, nous partons à deux, le jeune homme qui m'accompagne ne perd pas le Nord, il a 20 ans
et rencontre une italienne qui l'héberge, et me revoilà seul, ou c'est chacun pour soi, je retourne à l'Hotel Wolcott, pour y dormir, mais ils n'ont qu'un mot à la bouche "paiement cash", je prends ma valise, je n'ai rien dans le ventre, je ne peux pas avertir ma famille, le téléphone est d'une part payant, et de toute façon toute la ville est privée de téléphone, je pleure,ce ne sont que plaies - parceque la douleur aux pieds est insupportable, et je pleure parce que je ne sais pas ou aller...la nuit tombe, et le ciel est rougeoyant au dessus des WTC, dans la 33ème rue, des gens s'installent sur le trottoir,poue la nuit, je me réserve une place, et me sert de ma valise comme oreiller, dormir sur les trottoirs de New York un avant gout de SDF, avec un peu de monnaie, j'achète une banane, c'est peu couteux, heureusement, j'ai un peu de monnaie.
Et subitement, la Police arrive, toutes sirènes en route et pleins phares,il y aurait parait-il une bombe dans l'Empire State Building, on nous dit de fuire à toute vitesse, les chiens aussi sont là...pour renifler la poudre, devant moi une femme italienne, agèe et impotante, ne peut pas faire vite, elle abandonne son bagage par la force des choses, la 33ème rue est au pied de l'Empire State Building, et on revient petit à petit, une fausse alerte, la valise de la dame, a explosé, car tous bagages abandonnés sont suspects, je suis dans un tel état de fatigue, que je ne sens même plus mes blessures, je sens que je ne suis pas près de dormir, je n'ai plus de cachets, je n'ai plus rien, des bruits courts que des pakistanais se baladent avec des cutters, pour piquer des passeports étrangers, et alors évidemment je gobe tout ce que les haut-parleurs disent, puisque c'est la police...je suis le seul français sur mon trottoir et je finis par rencontrer un couple de français très agés de Toulouse
banquiers à la retraite, terriblement raciste, leur racisme est à tel point que çà me soulève le coeur, mais je reste avec eux, je préfère avoir peur avec quelq'un que seul, et eux ont un peu d'argent, on prend un taxi pour l'aéroport, le chauffeur ne veut pas, il n'y a plus d'avions, il n'a pas envie de se rendre dans un endroit, ou il n'aura personne pour son retour...mais mon couple paie l'aller et retour (privilège des banquiers) je ne les quitte plus, je reste collé à leurs baskets, ils ont l'argent, moi j'ai des notions d'anglais, il faut comprendre "l'anglais hurlé comme à l'armée par le FBI) pas toujours facile dans ce New York qui pannique, les ordres sont braillés - Arrivés à l'Aéroport Kennedy - parsonne aux comptoirs "pas d'avions" on se couche au milieu des blessés, à même les dalles de marbre, on nous jette des couvertures, les plus valides attrapent les premières, les autre attendront le deuxième tour, si deuxième il y a...le doute me poursuit, à chaque décision, à côté de Air France, c'est Korean Air Line, beaucoup mieux organisé, on arrive à se procurer trois lits pliants distribués par l'armée, j'ai suis obsédé par l'idée de ne plus avoir de tri-thérapie, les dégats qui vont naitre à l'intérieur de mon corps, le Monsieur agè à besoin d'une pile pour son "Peace Maker", mais tout est fermé, je passe trois nuits à JFK trois nuits épouvantables, là aussi on nous fait le coup des gens qui se baladent avec des cutters, les nuits blanches s'empilent comme un mille feuille, j'ai le cerveau qui ne fonctionne plus....au bout de la quatrième nuit, un bruit court, que le New Yorker Hotel héberge d'abord les blessés, et les autres ensuite et gratuitement...je me retrouve au cinquante quatrième étages, avec une baie sur New York, c'est si beau, et au Sud si désastreux, des odeurs de brulés partout, je sors m'acheter une autre banane (j'ai appris gosse que çà valait un steack) je la coupe en deux, une moitié le matin l'autre moitié pour le soir, on nous distribue des bouteilles d'eau minérale, nous sommes le 15 Septembre 2001, la télévision n'arrête pas avec ses images en boucles des corps retrouvés dans les ruines.
samedi 22 mars 2008
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